Du Brahmane au Jésuite, il n’y a pas loin…

Contrairement aux idées reçues, l’hindouisme accepte assez bien le voisinage avec les autres religions. Récemment, alors que je demandais à mon chauffeur hindou du Karnataka pourquoi il n’était pas entré dans l’église que je visitais, il me répondit: « Si je connaissais les prières chrétiennes, je serais entré pour les dire ». Voilà comment l’Inde a toujours su absorber et inclure les autres cultures.

jesuit-insignia1

Jesuit Insignia

Savez-vous que l’ordre le plus nombreux dans l’Eglise Catholique est celui des Jésuites, avec 19 000 membres dans 112 pays? Le pays le plus important par le nombre et par sa croissance est l’Inde. Les Jésuites y sont présents depuis le XVIIème siècle.

De nombreux hauts fonctionnaires et politiciens (y compris parmi ceux qui s’opposent au christianisme) ont été formés dans des écoles Jésuites. Les Jésuites indiens vont même jusqu’à envoyer des missionnaires à l’étranger.

Les Jésuites dirigent certains des instituts d’enseignement les plus prestigieux du pays qui produisent aussi des sportifs de très haut niveau.

Les Jésuites indiens les plus intéressants sont peut être les « Swami Jesuits« , ceux qui ont adopté le mode de vie et les manières des renonçants  hindous, tout en continuant leur « travail » de prêtres catholiques.

Swami Amalananda

Swami Amalananda

L’un d’entre eux, Swami Amalananda (photo), est mort en 2008. Il avait construit une petite église de pierre dans un village, à l’images des temples hindous. Assis sur une petite plateforme, dans le style des Sadhus indiens, il prodigait ses conseils aux  villageois venus lui rendre hommage. Ses conseils étaient tout autant pratiques que religieux. Il avait aussi démarré des activités de micro-finance pour les les villageois.

Pourquoi y a-t-il tant de jésuites en Inde?

L’une des réponse tient probablement dans l’approche « culturelle » des Jésuites qui les a conduit à d’adapter aux coutumes et aux habitudes sociales plutôt que de forcer à l’adoption des vues occidentales: Roberto de Nobili, l’un des premiers Jésuites en Inde essayait de prêcher l’Évangile « en termes hindous ». Nobili parlait plusieurs langues, y compris le sanskrit, et n’hésita pas à s’habiller comme un Brahmane puis comme un Sadhu.

Une autre raison peut résider dans leur attention portée à l’éducation qui constitue leur principale activité et représente pour les indiens un sujet d’importance exceptionnelle. A Mumbai (Bombay) seulement, les Jésuites dirigent 34 insitutions.

A titre personnel, je pense surtout que, du Brahmane au Jésuite, il n’y a pas bien loin. L’un comme l’autre regarde l’autre avec un intérêt ironique sans espérer le comprendre totalement et sans espérer l’amener à lui complètement. Quand deux se cultures se regardent avec condescendance, ne leur reste-t-il pas à se considérer comme égales?

J’ai toujours trouvé qu’il existait un certain « jésuitisme » chez les Brahmanes: Les Jésuites du XVIIème siècle on fait montre d’un certain brahmanisme, ou, du moins, ont fait des tentatives de faire preuve de brahmanisme, ne serait-ce qu’en façade (voir par exemple l’article d’Ines Zupanov à ce sujet).

En fin de compte, je me demande d’ailleurs si les jésuites ne se font pas avoir par les brahmanes: Se fondre dans les coutumes locales pour finalement convertir les indiens au catholicisme semblait plutôt voué à l’échec. Malgré leurs efforts, les Jésuites n’avaient finalement pas accès au savoir des Brahmanes, et il semble exclu qu’ils aient pu espérer de ce côté là. Maintenant, espéraient ils quoi que ce soit?

Une Réponse

  1. C’est étonnant, et c’est ce qui fait que cette religion est vraiment immortel. Jesus ? OK ! il devient l’un des dieux. L’histoire de l’Inde sous les grands Moghols est intéressante à ce titre
    http://legrandvillage.wordpress.com/

Laisser un commentaire