Les résultats des élections indiennes en quelques points


India voters in a line

India voters in a line

Les élections générales qui viennent de se conclure par la victoire sans appel de Narendra Modi laissent entrevoir une ère meilleure pour l’économie, largement anticipée par les indices boursiers qui battent leurs records à Bombay.

On s’attend en particulier à des investissements accrus dans les infrastructures et à une meilleure exécution des projets, une lutte réelle contre la corruption, et d’une façon générale, à un climat nettement plus pro-business.

 

Pour l’industrie française, une question clé sera la confirmation du contrat des Rafale avec Dassault et sa myriade de sous-traitants qui pourraient enfin entrer en Inde.

Ci-dessous quelques points clé concernant les résultats des élections.

Les élections ont vu le plus fort taux de participation (66%, 563 millions de votants!) de l’histoire indienne. A noter que les jeunes et les femmes on vote en masse pour le BJP victorieux.

Modi dit avoir tenu 437 meetings, parcouru 410,000 km et passé 410 heures (17 jours) en vol pour réaliser sa campagne!

  • Le BJP de N. Modi a remporté une victoire écrasante avec 282 sièges sur 543, au delà de la majorité requise pour gouverner. C’est la première fois en 30 ans qu’un parti remporte la majorité à lui seul au Parlement, remettant en question l’idée reçue selon laquelle les coalitions sont inévitables en Inde.
  • Le BJP pourrait former le Gouvernement sans faire d’alliances. Cependant, il a promis d’honorer ses engagements et d’intégrer ses alliés. Avec ses alliés de la National Democratic Alliance, le BJP remporte 330 sièges, bien au delà des attentes. Le BJP a gagné tous les sièges au Rajasthan, au Gujarat, et à Delhi, presque tous les sièges en Uttar Pradesh et au Madhya Pradesh, deux des plus grands états du pays.
  • Le Parti du Congrès (INC) subit sa plus lourde défaite en 128 ans d’histoire. Il a gagné mois de 50 sièges (contre 206 aux élections précédentes), et moins de 60 sièges avec ses alliés. Le Parti du Congrès a même échoué dans ses bastions d’Assam et du Kerala. Même les sièges les plus « sûrs » on été âprement disputés. Par exemple, il a été très difficile pour Rahul Gandhi, fils de Sonia, petit-fils d’Indira et arrière-petit-fils de Nehru, de conserver son siège.
  • Les partis régionaux les plus importants n’ont pas brillé non plus, à l’exception du parti régional tamoul AIADMK et de celui de l’Orissa. Ces échecs renversent l’idée largement répandue que les partis régionaux joueraient un rôle important des les coalitions à venir.
  • Arvind Kejriwal et son Aam Aadmi Party (AAP) enregistrent un score insignifiant et remportent 5 sièges. Le parti anti-corruption paye le prix de son inconséquence à Delhi où, après avoir gagné les élections locales, il a abandonné le pouvoir en quelques jours et pour des raisons futiles.

815 millions d’électeurs indiens sont appelés à élire leurs députés à partir du 7 avril


Narendra Modi

Narendra Modi

La défaite du Congrès semble acquise. Les investisseurs anticipent la victoire du BJP de Narendra Modi et misent sur une coalition pro-réformes et pro-business pour voir le pays redémarrer. Pour les investisseurs, cela replacerait l’Inde à l’avant-garde des pays émergents alors que la Chine, la Russie et le Brésil continuent à générer des inquiétudes.

Le parti anti-corruption AAP qui a pris le pouvoir à Delhi, pour y renoncer immédiatement semble condamné au second rôle mais l’incertitude réside dans la possible émergence d’un troisième front régionaliste.

Les problèmes de fond sont connus : Déficit public tiré par des programmes de subvention irréalistes, croissance insuffisante pour financer les investissements, réformes et programmes d’infrastructures bloqués, corruption généralisée, coalition au pouvoir paralysée par des intérêts contradictoires.

Si la nouvelle coalition reçoit un mandat clair, Modi fera sans doute avancer les réformes et combattra la corruption. Mais il est avant tout anti-Congrès et n’a pas publié de vrai programme économique.

A ce stade de décrépitude de la classe politique, les indiens cherchent à se reconnaître dans un leader fort qui représente un idéal national loin d’avoir disparu. Modi répond à cette attente, mais il est aussi celui qui a favorisé les violences communautaires de 2002 au Gujarat. Aussi le cœur de bien des indiens est-il partagé entre volonté de tourner la page d’un Congrès disqualifié et crainte de renier la tradition de la plus grande démocratie du monde.

Les résultats seront connus à partir du 16 mai.

A la clé pour la France, le contrat du Rafale pour Dassault et sa myriade de sous-traitants…

Merci à mes lecteurs


Plus de mille lecteurs uniques ce mois-ci…

Merci à mes lecteurs de plus en plus fidèles et qui visitent ce blog en nombre croissant.

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Bien à vous et à bientôt.

Blog Stats June 2010

Le Telangana va-t-il faire sécession? (MàJ 01.01.2010)


Andhra Pradesh & Telangana

Depuis plusieurs semaines, le parti régionaliste Telangana Rashtra Samiti a pris le devant de la scène en lançant des actions spectaculaires pour obtenir la formation d’un nouvel état, le Telangana (en blanc sur la carte), formé autour de la capitale actuelle de l’Andhra Pradesh, Hyderabad.

Hier 25 décembre, le Chef du TRS a lancé un ultimatum au Gouvernement Central de l’Inde: Si le processus constitutionnel de formation du Telangana n’est pas officiellement lancé avant lundi 28 décembre, il lancera un « bandh » indéfini, c’est à dire la grève générale illimitée.

Dans le cas du Telangana, un processus historique qui mélange occupation coloniale, développement économique accéléré, corruption et pragmatisme a conduit à cet imbroglio politique spectaculaire. Petit retour en arrière:

Comment en est on arrivé là?

Contrairement à la plupart des revendications séparatistes (de « bifurcation », comme on dit en Inde), la question au Telangana est celle de la répartition des richesses, pas celle des divisions ethniques.

Champs de Riz en Andhra Côtier

Les habitants de l’Andhra côtier ont bénéficié d’un développement économique meilleur sous l’occupation anglaise qui a développé l’irrigation, tandis que la région d’Hyderabad (Telangana) est restée en arrière sous la direction du Nizam d’Hyderabad.

La revendication d’indépendance du Telangana est ancienne; elle remonte à près de 50 ans. Jusqu’à présent, elle a cependant été contenue par les gouvernement locaux ou centraux qui ont su la circonscrire électoralement et politiquement.

Hyderabad  à commencé à se développer dans les années 90 – Elle est devenue un second centre informatique dans le sillage de Bangalore.

Les propriétaires terriens de l’Andhra côtier ont déferlé sur la capitale pour investir dans l’immobilier et les projets d’infrastructures l’argent gagné dans l’agriculture. Ils se sont mis dans le sillage du premier ministre local Y S Rajasekhar Reddy, membre du Parti du Congrès, dont ils ont fiancé les campagnes pour obtenir des contrats et toutes sortes de licences.

Dans un éditorial du 3 octobre, Bharat Bhushan, rédacteur en chef du,  Daily Mail montre comment YSR s’est assuré la loyauté de ses supporters non pas en leur donnant  des postes au gouvernement mais en favorisant le développement de leurs affaires, en particulier à Hyderabad. Il cite de nombreux projets alloués à ces sociétés et les

Hitech City Hyderabad

Hitech City Hyderabad

montants correspondants.

On était dans un savant équilibre de pragmatisme, de développement, de clientèlisme et de corruption, situation assez classique dans l’Inde moderne où les politiciens tentent de concilier traditions politiques anciennes et développement accéléré. Ce sont donc les bénéficiaires du système qui craignent aujourd’hui que la création de l’Etat du Telengana ne mette leur richesse en danger.

YSR est mort dans un accident d’hélicoptère le 2 septembre 2009. L’organisation de sa succession par le Congrès a été chaotique (son fils a tenté de se faire élire…). Son ancien ministre des finances Konijeti Rosaiah est maintenant au pouvoir en Andhra Pradesh mais semble manquer des qualités de son prédécesseur…

  • En novembre, K. Chandrasekhara Rao –  Chef du Telangana Rashtra Samiti – entame une grève de la faim, essentiellement pour redorer son blason suite à une défaite électorale.
  • Peu après, P. Chidambaram, Ministre de l’Intérieur fédéral à New Delhi, annonce que le processus de séparation va être initié et que des consultations vont commencer.
  • 20 ministres du gouvernement local menacent de démissionner. Face à la pression des opposants au processus – qui appartiennent, rappelons le, au Parti du Congrès au pouvoir, le Gouvernement Central fait volte face et suspend le processus.
  • Le 24 décembre, 63 députés au parlement local démissionnent et 13 députés au parlement central et plusieurs ministres locaux menacent de faire de même, cette fois pour protester contre le revirement du Gouvernement central.
  • Des deux côtés du conflit, les politiciens sont agressés par leurs opposants, parfois physiquement.
  • K. Rosaiah semble incapable de dégager une ligne claire. Les politiciens locaux font donc massivement appel aux instance dirigeantes du Parti du Congrès pour sortir du conflit: La balle au Centre…

Rien n’est fait

Une sécession du Telangana serait sans doute le pire des remèdes à ses difficultés économiques. Comme le relève The Hindu, grand quotidien du Sud, dans un éditorial qui a fait sensation, « Si le diagnostic est bon, le remède est mauvais (…)  Le problème de l’inégalité de développement entre différentes parties d’un Etat ou d’une région est l’un des défis majeurs que l’Inde moderne devra relever.  Mais rien ne suggère qu’un état plus petit soit capable d’offrir un développement plus égal« .

Rien n’est donc fait: En pratique, le gouvernement central semble capable de jouer la montre jusqu’aux élections de 2014. Il y a, et il y aura, beaucoup d’agitation, mais c’est chose courante en Inde et, la plupart du temps, ce type d’action est plus dicté par l’ambition personnelle de politiciens en quête de notoriété que par des idéaux réellement politiques ou idéologiques.

MàJ  (27 déc 2009)

Ce soir, dimanche, le premier ministre indien Manmohan Singh annonce que tout processus est bloqué jusqu’à l’atteinte d’un consensus…Chose amusante, c’est Monsieur Bhattacharjee, premier ministre du Bengale Occidental, qui fait lui même face à des problèmes similaires, qui annonce la position du Centre. Tout ça pour ça?

MàJ  (1 Janvier 2010)

12 des 13 ministres ayant remis leur démission la reprennent… Ah, le retournage de veste, sport national, commence…

Attentisme à New Delhi


Par François Montrelay, P2P Consultants et Vincent Previ, Worldalysis

La victoire du Parti du Congrès aux élections de mai 2009 a ouvert une période de stabilité politique inattendue et favorable aux réformes (voir notre note précédente à ce sujet). La présentation le 6 juillet dernier du budget 2019-2010 était donc très attendue. Le peu de mesures annoncées laisse les observateurs sur leur faim et la question

Une roupie indienne

Une roupie indienne

reste posée des véritables intentions économiques du nouveau gouvernement indien : Soft-libéralisme, comme laissent l’entendre les grandes lignes du budget, socialisme modéré, comme tend à l’y pousser la ligne historique du Parti du Congrès, ou attentisme tactique?

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So, it’s King Cong again….


So, it’s King Cong again…

Par François Montrelay, P2P Consultants et Vincent Previ, Worldalysis

Les résultats des élections législatives indiennes ont un goût de triomphe pour le Parti du Congrès du Premier Ministre sortant Manmohan Singh. Ni le BJP (droite hindouiste), ni le Third Front (agglomérat baroque de partis de gauche et de partis régionaux) n’ont réussi à constituer une alternative crédible. Avec 206 sièges, le Congrès atteint son meilleur score depuis 18 ans. La dispersion des votes, tant redoutée, n’aura donc pas eu lieu.

Manmohan Singh & Sonia Gandhi

Manmohan Singh & Sonia Gandhi

La perspective d’un gouvernement stable a été saluée par une hausse de 17,3% du principal indice boursier indien. Toutefois, des interrogations économiques et politiques demeurent.

« Ministères lucratifs »: La corruption indienne au grand jour


Beaucoup d’appelés, pas assez d’élus: La constitution d’un gouvernement indien se heurte – comme partout – aux ambitions de prestige et financières des innombrables candidats.

State Bank of India ATM

State Bank of India ATM

S’y ajoute la chasse aux « ministères lucratifs », appelés aussi les « ATM Ministries » ou ministères distributeurs de billets de banque… Ce sont les ministères qui gèrent les plus gros contrats et qui traitent le plus avec le secteur privé: Transports, Energie, Aviation Civile, Telecom, Mines… Le Ministère de l’Environnement, avec son droit de véto sur les projets des autres Ministères, est devenu le Ministère ATM le plus convoité.

Enfin, il y a les ministères qui donnent à leur titulaire plus de pouvoir que d’argent: Ils permettent au politicien de distribuer les avantages à leur électorat: Le Ministère des Chemins de Fer qui permet de distribuer argent et emploi est un exemple typique de « double effet kiss cool ».

C’est avec leurs alliés du parti régional tamoul DMK que Manmohan Singh et Sonia Gandhi rencontrent lesplus grandes diffficultés pour former le Gouvernement central indien.

M. Karunanidhi, Manmohan Singh, Sonia Gandhi, Pranab Mukherjee, A.J.Antony (Reuters)

M. Karunanidhi, Manmohan Singh, Sonia Gandhi, Pranab Mukherjee, A.J.Antony (Reuters)

Compte tenu de l’échec patent des ministres du DMK dans l’ancien gouvernement et des allégations insistantes de corruption à leur égard, le premier ministre cherche à s’entourer de ministres capables issus du DMK. Le problème, c’est que les minsitrent occupaient les « ministères lucratifs » des communications (y compris les télécommunications) et des transports de surface (y compris les chemins de fer). Il semble qu’on s’achemine vers un retour des ministres concernés, mais à des postes moins « lucratifs »  comme par exemple l’éducation ou moins visibles ou les mines qui permettent de s’enrichir de façon moins médiatisée.

Le DMK fait valoir ses exigences sans la moindre honte. Elles sont en partie « dynastiques »: M. Karunanidhi, 86 ans, leader du DMK et Premier Ministre du Tamil Nadu a commencé par exiger 5 postes ministériels dont au moins 4 pour des membres de sa famille. Cette histoire crée des conflits internes à la famille sur qui pourrait obtenir quel job…

Comprendres les élections indiennes


714 millions d’indiens dont 48% de femmes sont appelés à voter dans 888 804 bureaux de vote, 543 circonscriptions et 35 états ou territoires…

En général, les élections sont libres et transparentes. Le processus de vote dure 5 semaines et les résultats seront proclamés à partir du 16 mai.

Les trois principaux candidats au poste de Premier Ministre sont Manmohan Singh, sortant,  (Congress), LK Advani (BJP), Mayawati Kumari (« Third front ») qui, en cas de victoire, représenteraient sans doute les trois principales coalitions en lice.

Singh, Advani, Mayawati, les 3 candidats principaux

Singh, Advani, Mayawati, les 3 candidats principaux

Comprendre la vie politique indienne est un véritable casse-tête: Les partis et les alliances changent tout le temps et la vie politique indienne est un vrai mille-feuilles où se superposent les partis nationaux (nombreux) et les partis régionaux (nombreux), tout cela entrecroisé de connotations plus ou moins religieuses et d’influences de castes.

Les partis mélangent parfois vie politique et vie religieuse et les coalitions se font et se défont, pas spécialement en fonction des programmes ou idéologies, mais plutôt en fonction des opportunités de participer au pouvoir.

Les enjeux du scrutinLes élections se gagnent avant tout dans les campagnes.

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La faucille et le marteau…


CPI(M) Saris

CPI(M) Saris

Archaïsme? Le West Bengal, le Kérala  et le Tripura sont trois états indiens gouvernés par les partis communistes. Ces états envoient depuis longtemps de nombreux députés communistes au parlement central de l’Inde. Au Kérala, le Parti Communiste (CPIM) alterne régulièrement avec le Parti du Congrès.

Jusqu’à récemment, les communistes participaient à la coalition au pouvoir, jusqu’à ce qu’ils la quittent pour protester contre le conclusion d’un accord de coopération nucléaire avec les Etats-Unis qui « vendait l’indépendance nationale à l’étranger ».

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Jetez un oeil sur les élections indiennes…


Indian Electronic Machine (EVM)

Indian Electronic Machine (EVM)

Ça se passe ici

Comme dit un de mes amis, ça a l’air « coloré, électronique et bricolé ». Pas si bricolé que ça, quand même. puisque l’Inde, plus grande démocratie du monde met autour de ses élections un système de sécurité sans précédents.

Ces photos rendent bien compte de ce que ressent l’étranger face à l’Inde moderne.

Sur la première image, vous remarquerez le contraste entre le premier plan, presque mystique, et le second plan où les participants assistent à la cérémonie d’un air distrait ou absent. Ce qui nous frappe nous occidentaux frappe beaucoup moins les indiens… D’ailleurs, le photographe a du se laisser prendre au jeu en donnant à sa photo cet air de Rubens. Pourtant, il est indien… Peut être joue-t-il avec les codes et s’amuse-t-il à faire du kitch?